Je suis petite et familière et je suis visible entre chien et loup, même parfois en plein jour bien que je sois nocturne. J’ai la tête plus large que haute. Mes disques faciaux bruns et blancs mettent en valeur mes yeux jaune-d’or surmontés de sourcils blancs formant de face comme un X me donnant un air sévère. Ma nuque montre un dessin brun et blanc qui évoque les disques faciaux si bien que, lorsque je tourne la tête à 180°, on peut avoir l'impression que je vous regarde toujours. Une feinte destinée à dissuader un prédateur éventuel à attaquer de dos. Ainsi, je suis la gardienne et la messagère de la déesse de la sagesse et de la raison.
Je m’accroche. La nuée vire et tourne à une vitesse folle pour former des sortes de plasmas géants dans le ciel. Il est impossible pour moi d’anticiper les mouvements de mes congénères. Je ne peux que me fier à ce qui se passe chez mes plus proches voisins. Tout cela semble aléatoire, mais ces dessins sur fond de ciel font craindre à nos prédateurs une collision. Ainsi après une courte saison des amours en solitaire, je rejoins le banc pour me nourrir et profiter de la communauté pour me réchauffer la nuit. Alors oui, c’est vrai que je ne fais pas que des heureux lorsque notre dortoir est situé au-dessus de votre voiture. Mais je ne suis pas qu’un vulgaire oiseau à chiasse. J’aime jacasser et imiter les autres chants d’oiseaux et j’adore glaner les raisins en fin de vendange.
Ça plane pour moi (ouh-ouh-ouh-ouh…) j’enroule mon vol dans un courant d’air ascendant et je piaule ! Vous levez la tête et je suis déjà très haute dans le ciel.
Mon costume de plumes, parfois blanc presque pur à un brun sombre quasi uniforme, avec tous les intermédiaires possibles et imaginables, est très déroutant pour l’ornithologue débutant. Je suis variable, comme la météo ! Vous me reconnaissez plus facilement lorsque je guette du haut de mon poteau les bords de talus. Savez-vous pourquoi mon nom a donné une expression qui est utilisée pour qualifier quelqu’un d’imbécile ? Cette réputation vient du fait qu’autrefois, les fauconniers ne parvenaient pas à me dresser, ils en ont conclu que j’étais stupide. Un jugement bien rapide pour celle qui tient à sa liberté !
Il pleut et il pleut encore, les prés poussent et pas moyen que les paysans fassent leurs foins. J'ai beau avoir deux ailes en forme de faux je ne peux rien faire pour les fenaisons. En vol stationnaire, au-dessus des champs et des bordures de routes, je guette dans haut toute activité qui se passe en bas !Mais avec ces grandes herbes, les mulots et les insectes ont de belles cachettes et échappent à ma foudre lorsque je plonge d'un trait au sol. Mon vol, dit « vol en Saint Esprit » ne fera guère de miracle tant que les foins ne seront pas coupés. Je me débrouille quand même, car il faut bien que je nourrisse mes rejetons qui attendent dans un trou de mur ou dans un vieux nid de corneille. J'en profite pour vous remercier de ne pas boucher le gros trous dans votre mur de grange ou dit installer un nichoir, je vous offrirai un spectacle quotidien en échange.
J’ai la taille d’un merle, mais attention, mes plumes sont noires uniquement sur les ailes et la queue.
Le reste de mon corps est recouvert d’un beau plumage jaune d’or, c’est ma petite note exotique.
Comme la plupart de mes cousins à plumes me voilà de retour d’Afrique.
Je suis arrivé début mai, et je suis sûr que vous ne m’avez pas vu.
Je suis farouche et mobile, caché sous la feuillée des grands frênes qui longe le Nizerand.
Je suis difficile à observer, seul mon chant peu trahir ma présence.
Un sifflement flûté, puissant et mélodieux : « di-de-lio » Magnifique n’est-ce pas ?
Au printemps, la nature se réveille, les premiers bourgeons pointent le bout de leurs
feuilles et les insectes sortent de leur léthargie hivernale. A cette saison je change
mon régime alimentaire d’ordre granivore pour devenir insectivores. Je deviens
votre super allié pour votre jardin et vos arbres fruitiers en dénichant chenilles,
pucerons, larves, araignées autant de mets dont je raffole. si vous avez pensé à
poser un nichoir proche de ce garde manger je serai vous récompenser par mes
services de nettoyage, je charbonne comme dirait l’autre ! Avec au moins deux
couvées par an, Je suis la plus grande de la famille, et très reconnaissable avec ma
belle cravate noire posée sur mon ventre jaune.
En mars, l’hiver n’est pas totalement fini et Les grands festins du printemps ne sont pas
encore au rendez-vous. Je dois, pour me nourrir, me déplacer par petits bonds, et faire voler
du bec les feuilles mortes et autres éléments au sol pour dénicher les lombrics un de mes plat
préféré. Il est assez cocasse de me voir tirant du bec un ver déjà engagé dans son terrier et
résistant de toutes ses forces. Bien souvent, cela se termine par une rupture du ver en deux. Je
ne vais pas tarder à nicher dans les haies au feuillage persistant ou un lierre, tels qu'on en
trouve dans vos jardins. Je peux aussi profiter de l’abri d’une poutre sous un avant-toit. Je
suis très commun et vous me connaissez bien, mais avez-vous pris le temps de m’écouter
chanter ? Perché sur la branche d’un cerisier, je lance une longue phrase mélodieuse avec des
notes flûtées, claires et sonores, émises avec un rythme assez lent. Des syllabes plus sifflées,
parfois un peu discordantes viennent agrémenter mon chant qui rend le printemps si beau. J’ai
appris à chanter en écoutant mes parents et je le perfectionne en écoutant mes semblables. Si
vous m’observer de prêt vous comprendrez alors pourquoi on me surnomme le monocle d’or !